L’Homme et la puce

Par des voeux importuns nous fatiguons les dieux,
Souvent pour des sujets même indignes des hommes:
Il semble que le Ciel sur tous tant que nous sommes
Soit obligé d’avoir incessamment les yeux,
Et que le plus petit de la race mortelle,
A chaque pas qu’il fait, à chaque bagatelle,
Doive intriguer l’Olympe et tous ses citoyens
Comme s’il s’agissait des Grecs et des Troyens.

Un sot, par une puce eut l’épaule mordue;
Dans les plis de ses draps elle alla se loger.
«Hercule, se dit-il, tu devais bien purger
La terre de cette hydre au printemps revenue.
Que fais-tu, Jupiter, que du haut de la nue
Tu n’en perdes la race afin de me venger? »
Pour tuer une puce, il voulait obliger
Ces dieux à lui prêter leur foudre et leur massue.

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